Lauréat du Plan d’État "France Relance" sur trois programmes, l’automobile du futur, le numérique pour les usages industriels et la 5G souveraine, le groupe Acome, fabricant français de câbles et de composants de haute technicité pour les télécoms et l’automobile (2 000 salariés, 600 M€ de CA en 2022), a lancé en association avec l’opérateur Alsatis, une plateforme d’expérimentation 5G 100 % française sur son site multi-usines de Romagny-Fontenay, dans la Manche. "Le déploiement d’un réseau mobile privé 5G grandeur nature sur notre campus industriel de Romagny-Fontenay, quarante-cinq hectares dont douze de bâtiments couverts, va nous donner l’opportunité unique de tester en conditions réelles plusieurs cas d’usage, comme la maintenance prédictive, la sécurisation des véhicules à guidage automatique ou autonome, les drones, les équipements de vision intelligente ou la supervision des lignes de production avec des caméras. Notre laboratoire pourra ainsi évaluer les apports et le potentiel de la 5G en termes de productivité, de sécurité et d’innovation et mesurer son impact environnemental et sanitaire", explique Jacques de Heere, PDG d’Acome.
Centralisation des informations
La vaste superficie de l’usine nécessite de parcourir plusieurs kilomètres pour aller d’un bout à l’autre de l’entreprise. Les cinq antennes 5G implantées permettent ainsi de couvrir les zones nécessaires et de centraliser les informations. Acome envisage d’avoir tout un réseau de robots autonomes. Orchestrés par une intelligence artificielle ou parfois par la main de l’homme, ils s’occuperont de différentes tâches d’acheminement un peu partout dans les locaux, tout en communiquant entre eux pour optimiser les trajets. Le contrôle qualité se fait aussi directement dans certaines des machines de production, comme pour vérifier la colorimétrie des câbles. "La rapidité de transmission de l’information permet une réaction quasi immédiate sur la production pour éviter les pertes", confirme le PDG. L’autre utilisation de l’infrastructure 5 G est celle des lunettes connectées. Le technicien qui les porte se trouve à un bout de l’usine pour inspecter une machine. Un expert reste devant son ordinateur. Il peut voir en haute définition et presque en temps réel, ce que voit son collègue sur le terrain et le guider dans les opérations à mener. "Ceci permet de réduire les temps d’intervention sur les machines en apportant directement et à distance le support nécessaire au dépannage", explique Aurélien Bergonzo, directeur innovation et technologie d’Acome
Innover pour reconstruire l’industrie
Pour le PDG d’Acome, Jacques de Heere, "l’innovation est une question de survie pour que l’industrie française reste compétitive". Le projet coûte aujourd’hui à son stade expérimental 1,1 million d’euros et a bénéficié de subventions du plan "France Relance" de l’État, mais il pourrait passer à plusieurs millions d'euros si la technologie était développée à l’ensemble du site industriel manchois. "L’enjeu, c’est de défendre la performance de l’industrie en France qui est un enjeu national. Et nous avons beaucoup de retard à rattraper. Si l’on veut réinvestir et reconstruire le tissu industriel français, il faut tout de suite penser aux technologies de demain."
Acome ne gardera pas ses expérimentations pour elle, elle compte les partager. "Nous voulons aussi susciter l’intérêt des autres industriels", ajoute le PDG, "et les inviter à venir voir ce que nous faisons pour l’expérimenter par eux-mêmes."
Quant aux questions sur les risques d’une telle technologie sur la santé, Aurélien Bergonzo tient à rassurer : "Il n’y a pas de risque pour les salariés. Nous sommes largement en dessous des seuils, nous avons un suivi avec des mesures, des contrôles et un accompagnement de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) pour les mille salariés du site."
Acome et Alsatis ont pour ambition de mettre sur le marché, dès 2024, une solution complète pour les réseaux mobiles privés de cinquième génération à destination de l’industrie. Des résultats de l’expérimentation seront transmis aux entreprises et aux pouvoirs publics, comme les informations relatives à l’impact carbone et aux démarches mises en œuvre pour garantir l’innocuité du déploiement. Un partenariat académique avec un laboratoire de recherche garantit l’indépendance de la démarche et des résultats.