Alpes-Maritimes
Audrey Lamy Martinot : "La donnée n’a de valeur que si elle est utilisée par le métier"
Interview Alpes-Maritimes # Informatique # Management

Audrey Lamy Martinot dirigeante de Data Acteur "La donnée n’a de valeur que si elle est utilisée par le métier"

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Cumuler de la donnée est une chose, savoir en faire bon usage et en tirer bénéfice, en est une autre. C’est à partir de ce constat qu’Audrey Lamy Martinot, data scientist de formation, a créé Data Acteur. Le cabinet de conseil stratégique azuréen accompagne PME, grands groupes et collectivités dans le data management, à savoir la gestion et la valorisation des données.

Audrey Lamy Martinot est la fondatrice de Data Acteur — Photo : DR

De quoi parle-t-on exactement quand on parle de data ?

Tout est data. On pense le plus souvent aux données qui sont dans le système d’information, via l’ordinateur, mais finalement, notre échange est une donnée, ce qui est dans notre tête, la matière grise, sont des données. Une entreprise m’expliquait que nombre de ses collaborateurs allaient atteindre l’âge de la retraite et partir avec leurs connaissances. C’est quelque chose que l’on peut éviter en numérisant ce qui est dans nos têtes, le rendre disponible pour les autres.

Toute entreprise a-t-elle donc de la data ?

Oui, peu importe sa taille ou son secteur d’activité. Et je dirais même que c’est une question vitale pour toute entreprise. Il y a une mine d’or dans ces données. Si vous ne les utilisez pas, c’est comme si vous laissiez dans un placard des billets de banque.

La gestion de ces données requiert-elle un outil particulier ?

La donnée n’a de valeur que si elle est utilisée par le métier, elle n’a rien de technique. Le "comment" sera certes technique mais il ne viendra qu’à la fin. Modifier et améliorer ses process, intégrer la data dans son quotidien, cela ne peut se faire par aucun outil, c’est davantage une question de compréhension, d’acculturation.

Quel est le rôle de Data Acteur dans ce cadre-là ?

J’accompagne les entreprises, des PME aux grands groupes, et des collectivités, pour améliorer l’utilisation des données dans leur quotidien, pour l’intégrer afin qu’elle serve à la bonne prise de décision tout en la manageant. Car il ne s’agit pas simplement d’avoir des données. Il faut qu’elles soient de bonne qualité, il faut les connaître, les partager et les gouverner.

Donnez-nous un exemple…

Je travaille avec un grand groupe qui a besoin de faire un bilan financier de ses filiales mais une fois demandées, il récupère celles-ci de façon très hétérogène, trop pour faire un bilan cohérent. Chaque filiale pensait avoir tout donné correctement. Or, si l’on ajoute une donnée, il faut savoir à quoi elle va servir, comment elle va évoluer. Il faut comprendre quel sera son propre intérêt. Il fallait accompagner l’entreprise pour faire en sorte que les filiales comprennent leur intérêt. Le cas échéant, la donnée allait faire partie de la décision budgétaire de l’année suivante. Cela avait donc un impact sur chaque filiale. Il faut que tout le monde ait conscience de son propre rôle dans cette chaîne de valeur de la donnée.

Quel est le degré de maturité de vos clients sur cette question ?

Il y a deux types de profils. Celui qui me dit "Je pense que nous avons de la donnée, que puis-je en faire ?". Et puis il y a ceux dont l’état de connaissance est beaucoup plus avancé, qui valorisent les données mais ne les managent pas. Or, il faut faire monter à bord toute l’entreprise. Le data management n’est pas un projet, c’est vraiment la mise en place d’un nouveau métier.

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