Crazy Lobster (350 000 € de CA en 2022, 10 salariés) lance un foil en bois, destiné aux wingfoils, planches et paddles. "C’est le premier foil de série majoritairement composé de bois qui est commercialisé", se félicite Romain Lemarchand, l’un des ingénieurs de l’entreprise créée en 2019 et basée à Saint-Brieuc. Le bois représente 90 % de la masse du foil (appendice qui permet aux objets flottants de décoller de la surface de l’eau), le reste étant composé de fibre pour assurer les propriétés mécaniques nécessaires. L’essence n’a pas été dévoilée pour des raisons de confidentialité.
Le projet a débuté il y a plusieurs années au sein de la jeune PME qui répare des bateaux et effectue des recherches et produit des matériaux composites. "En réparant des vieux bateaux, nous nous sommes aperçus que les dérives ou safrans en bois présentaient des caractéristiques techniques et mécaniques élevées", reprend le professionnel. "Pour être innovant, il faut parfois regarder derrière nous." À l’automne 2022, Crazy Lobster s’équipait d’une machine pour réaliser des formes complexes en 3D à partir de matériaux tendres (bois mais aussi composite, mousse…). En janvier, les premiers essais étaient effectués. Plusieurs versions se sont succédé jusqu’à la dernière, mi-juin, qui est commercialisée.
Proposer une alternative
L’argument de vente principal est d’ordre écologique. La PME annonce un impact carbone du foil en bois 20 fois inférieur à celui d’un foil en carbone, en comptant uniquement la production, sans le transport. Une évaluation réalisée par l’entreprise associative costarmoricaine Karbon Ethic. En plus, l’objet est réalisé avec les chutes d’une entreprise de Lamballe (qui restera anonyme), soit à 30 kilomètres du port du Légué où est installée Crazy Lobster. "Nous ne voulons pas faire la morale à ceux qui achètent des foils en carbone. Nous apportons seulement une alternative avec un foil éco-conçu et responsable", argumente Romain Lemarchand. "L’éco-conception sera la norme de demain."
Le foil en bois, un peu plus grand que les modèles habituels, est destiné à une utilisation loisirs et pour des gabarits d’utilisateurs standards. Il est proposé au prix de 1 500 euros TTC, soit en milieu de gamme. Des versions adaptées aux demandes particulières pourront être réalisées. La fabrication se fera à la demande, avec un délai de trois semaines. L’objectif est d’atteindre une dizaine de ventes cet été.
Jeune entreprise innovante
Ce lancement est concomitant avec la mise en ligne du premier site d’e-commerce de l’entreprise costarmoricaine. Réalisé par l’agence lamballaise Inodia, le site commercialise également des padeyes (points de fixation présents sur les bateaux) et des boîtiers d’aileron pour planche à voile fabriqués par Crazy Lobster, ainsi que des colles pour padeyes. Dans les prochains mois, il proposera également les planches de wingfoil dont la PME créée par Tual Le Guillerm finit le développement. Elles seront en composite, bois et liège.
L’entreprise costarmoricaine, qui a travaillé sur les foils du vainqueur en Ocean fifty de la dernière Route du Rhum, Erwann Le Roux, est soutenue par la Région Bretagne et fait partie des Jeunes Entreprises Innovantes, qui consacrent 15 % au moins de leur temps en R & D.
