Ils sont huit millions en France à être solvables, mais mal-logés. Des étudiants, des familles monoparentales, ou encore des salariés qui ne disposent pas de l’indispensable triptyque : garants / CDI / revenus trois fois supérieurs au loyer. C’est pour apporter une solution à ces "mal-logés invisibles" qu’Anne-Sophie Thomas et son frère Emmanuel, ont lancé Gestia Solidaire, en mars 2020. L’objectif de cette jeune entreprise, à mi-chemin entre le bailleur social et la société immobilière classique : rendre le logement accessible à tous, en facilitant l’investissement et la location solidaires pour les propriétaires.
Une location solidaire et sécurisante
Les propriétaires sont "de plus en plus nombreux à vouloir investir de manière responsable dans l’immobilier", affirme Anne-Sophie Thomas, qui a travaillé durant dix ans au sein d’une foncière éthique et a réalisé une thèse sur l’impact des politiques publiques sur le prix de loyers en France, avant de lancer Gestia Solidaire. "Mais trois quarts d’entre eux refusent encore de louer à des locataires solvables sans garantie", regrette-t-elle. Il existe pourtant des dispositifs tels que la garantie contre les loyers impayés Visale, ou encore Loc’Avantages, qui offre des réductions d’impôts aux propriétaires proposant des loyers inférieurs au prix du marché. Des dispositifs qui ne sont cependant pas mis en avant par les agences immobilières classiques et qui sont "complexes à mettre en œuvre pour un particulier".
Gestia Solidaire met donc en relation des propriétaires enclins à "louer solidaire" avec des personnes solvables rencontrant des difficultés de logement. L’agence conseille les propriétaires en amont et prend en charge la garantie des impayés.
Présente principalement à Lyon et en Île-de-France, l’agence (300 000 € de CA en 2022-2023, 13 collaborateurs), gère aujourd’hui 220 logements. Mais devrait bientôt passer à la vitesse supérieure, en développant son activité d’investissement locatif solidaire. "De plus en plus, les communes se posent la question de la mixité sociale et souhaitent impliquer le parc privé dans la réponse à cette problématique", explique Anne-Sophie Thomas. Pour ce faire, Gestia Solidaire travaille avec des promoteurs, pour répondre aux appels d’offres publics des collectivités.
Deux premiers appels d’offres remportés
Elle a remporté un premier appel d’offres avec le promoteur Noaho, à Rillieux-la-Pape, dans la métropole lyonnaise et commercialise quatorze biens, qui seront livrés fin 2024. Les investisseurs, qui s’engagent à proposer un loyer plafonné durant 15 à 25 ans, bénéficient d’avantages fiscaux et financiers (exonération de taxe foncière, réduction d’impôts et de frais de notaires, prix d’achat négocié). La location des biens est ensuite prise en charge par Gestia Solidaire, qui vient de remporter un second appel d’offres à Vaulx-en-Velin. "Nous répondons actuellement à plusieurs autres appels, pour un total de 500 lots environ, à Lyon et Grenoble." D’ici 2025, la jeune entreprise entend ainsi obtenir la gestion de 10 000 biens, pour atteindre cinq millions d’euros de chiffre d’affaires, en se développant également à Marseille, Lille, Bordeaux, en Martinique et en Guadeloupe. Des territoires où, comme dans la métropole lyonnaise, la tension locative est particulièrement forte.
