Vendée : « J'ai pitché au comité des financeurs »

Vendée : « J'ai pitché au comité des financeurs »

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Financement Quatre entrepreneurs ont "pitché", début juillet, devant le comité des financeurs au CRI de La Roche-sur-Yon. Éric Calleau, dirigeant d'une société d'informatique, livre son retour d'expérience sur cet exercice.

Présenter son projet face à une assemblée (ou " pitcher ") est devenu un exercice incontournable pour les chefs d'entreprises, en particulier pour ceux qui recherchent des fonds. Si du côté de Nantes les occasions et les événements sont nombreux, ce n'est pas tout à fait le cas en Vendée. Pour combler ce manque et faire se rencontrer les porteurs de projet et les financeurs, La Roche-sur-Yon agglomération a mis en place le comité des financeurs. Ce n'est pas un concours de pitchs et il n'y a pas de classement. Les entrepreneurs peuvent surtout y glaner des conseils pour mieux structurer leurs présentations et rendre leur projet plus solide face à investisseurs potentiels grâce à l'accompagnement qui caractérise ce comité. Le premier comité s'est tenu en mars et un second s'est tenu en juillet. En tout sept entreprises ont présenté leur projet. Éric Calleau, président d'IP3G, entreprise de 10 salariés qui réalise 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires et est spécialisée dans les réseaux et la sécurité informatique, a un projet innovant : un tableau de bord simplifié faisant état de la santé de l'entreprise.




Accélérer la commercialisation

« Je recherche 250.000 euros pour accélérer la commercialisation de ce produit, annonce le dirigeant. Face au comité où siègent des capitaux risqueurs des banquiers et autres représentants d'investisseurs, Éric Calleau débute sa présentation avec des trémolos dans la voix. Il a beau être un dirigeant expérimenté, il est un peu moins à l'aise dans l'exercice qu'un start-uper rodé au pitch. Il reprend tout de même le dessus et déroule la suite de son argumentaire touffu mais réglé comme du papier à musique avec présentation du projet, du business plan, des outils marketing, etc. On sent qu'il y a du travail derrière la présentation. Côté financeurs, l'ambiance est studieuse, on prend des notes. Après 20 minutes, place à la séance de questions-réponses (à laquelle nous n'avons pas pu assister).




Étonné à la sortie

« J'ai été étonné par certaines questions, analyse a posteriori Éric Calleau. Il me semblait avoir été suffisamment précis dans la présentation, notamment dans la différenciation entre notre activité principale et notre projet. » Ces remarques ne sont pas perdues et serviront à enrichir ses prochaines présentations. « J'ai également trouvé que ça manquait de questions sur le potentiel financier et sur la génération de cash que notre projet pouvait dégager », regrette le dirigeant. « Il faut peut-être vendre un peu plus du rêve », conclut-il. C'est peut-être là que le pitch du dirigeant a péché. Effectivement, lors de ce comité, c'est aussi le dirigeant qui est sondé et pas seulement le projet.




Des chiffres et des hommes

Du côté des financeurs, on pointe la « recherche du côté humain et émotionnel. Comme nous nous engageons pour cinq, six ou sept ans, c'est indispensable », précise Charles Royer, directeur général de Finple (ex-My new start-up), un fonds d'investissement nantais. Même chose du côté de 3A Patrimoine, cabinet yonnais de gestion de patrimoine. « Nous avons besoin de pouvoir identifier une histoire. Nos clients sont des chefs d'entreprise du territoire qui veulent du concret mais aussi adhérer à une histoire, à un homme et/ou un projet. Nous ne sommes pas là pour choisir à leur place mais pour nous assurer que des projets pourraient correspondre à leurs attentes », détaille Jean-François Boudaud, l'un des associés de 3A.




Un pitch technique mais...

Malgré un pitch jugé « un peu trop technique » par le comité, la qualité du projet d'Éric Calleau a retenu l'attention de plusieurs financeurs et des contacts sont en cours avec le porteur de projet. « Nous allons pouvoir lancer les tests de commercialisation d'ici la fin de l'année et voir si l'on doit lever des fonds début 2018 », explique Éric Calleau qui a déjà une petite idée de la manière dont il va financer son projet. « Je vais finalement peut-être me réconcilier avec mon banquier », glisse l'entrepreneur qui, avant son pitch, n'avait pas encore sondé de financeurs pour son projet.



Adrien Borga

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