Après avoir convaincu 2 000 magasins bio d’adopter ses produits d’alimentation Quintesens, l’entreprise Biofuture (CA : 4 M€) s’attaque à la grande distribution avec une marque dédiée. Baptisée ".nod", elle propose aux consommateurs de "manger dans le bon sens." Alors que la chimie est devenue la norme, Sébastien Loctin, dirigeant fondateur de Biofuture, a en effet décidé, dès 2013, de suivre le chemin opposé à celui emprunté par les grandes marques de l’agroalimentaire, et a choisi "de renverser la donne en rétablissant une norme où les pesticides, les additifs, l’opacité n’ont plus leur place."
Sa première cible fut le ketchup, dans lequel il a remplacé la majorité du sucre par des légumes. L’entreprise, basée à Venelles près d’Aix-en-Provence, a ensuite sorti une mayonnaise, composée de cinq ingrédients et trois huiles, sans sucre et sans additifs, puis des huiles "santé", des vinaigrettes, une sauce barbecue et une sauce burger, dont les recettes sont toutes passées à la moulinette de Biofuture.
"Nous allons au-delà du cahier des charges bio pour mettre au point les meilleurs produits de leur catégorie", affirme l’entrepreneur, qui prévoit déjà de dupliquer son savoir-faire sur d’autres catégories de produits, comme les condiments ou l’épicerie sucrée.
Toucher le plus grand nombre
Cette conviction selon laquelle "nourrir les gens est une responsabilité qui ne mérite aucun compromis" est désormais suivie par des enseignes, comme Monoprix, Carrefour ou encore Chronodrive. "Au total, 350 grandes surfaces alimentaires nous font confiance et c’est sur ce segment que réside une bonne part de notre croissance future. Alors que notre marque dédiée aux réseaux bio, Quintesens, est désormais bien installée, .nod concentre tous nos efforts car 90 % du marché alimentaire se fait aujourd’hui en GMS", confie l’entrepreneur.
Convertir distributeurs et consommateurs au "bien manger" est une chose. Mais Biofuture, récemment labellisée PME + par la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France pour sa démarche RSE, va encore plus loin. Car "la RSE est inscrite dans notre modèle d’entreprise", souligne le dirigeant. Les seize collaborateurs sont formés à la cuisine végétale et tous les sous-traitants sont soumis à un cahier des charges très strict, "la question du prix n’entrant jamais en ligne de compte. Ils sont implantés en France et ne sont pas détenus par des fonds d’investissement, ils obéissent à une gouvernance familiale et réalisent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires en bio, ils sont solvables pour garantir une relation durable, ils sont engagés dans des protocoles de labellisation", détaille Sébastien Loctin.
Transparence
Cette labellisation est importante pour le dirigeant, qui y voit une source de progrès. D’ailleurs, l’obtention du label PME + était assortie de pistes d’amélioration que Biofuture compte bien emprunter dans les mois et années à venir. La sécurisation des filières en est une avec un objectif de passer de 82 % à 90 % de matières premières cultivées en France, en densifiant certaines filières comme la moutarde ou l’huile d’olive biologique.
L’emballage est un autre sujet avec l’extension du Tetra Pak, déjà adopté pour l’huile d’olive, à d’autres produits. Sur le volet sociétal, un éco-lieu à impact neutre, avec un potager en permaculture, ne demande qu’à sortir des cartons. Et depuis la fin de l'année 2021, Biofuture a lancé, avec d’autres acteurs de l’agroalimentaire, son opération de transparence à travers le collectif "En vérité". Objectif : obliger les marques à dire toute la vérité aux consommateurs.