La période est à l’infusion pour les Jardins de Gaïa (CA 2022 : 10 millions d’euros ; 85 salariés). Le pionnier du thé et des tisanes bios, basé à Wittisheim (Bas-Rhin), vient d’effectuer sa première récolte de pétales de fleurs de calendula et de bleuets ainsi que de fleurs de camomille matricaire à Ungersheim (Haut-Rhin). Une démarche de relocalisation d’une filière de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM). "Nous sommes engagés dans une démarche bio et RSE. On souhaite rapprocher les filières avec lesquelles on travaille", explique Cassandre Maury.
Animer le territoire
La directrice générale des Jardins de Gaïa y voit également des avantages au niveau de la logistique alors que seulement 10 % de son approvisionnement en plantes à infusion provient de France. "Animer le territoire avec des démarches environnementales et agricoles tournées vers l’avenir, ça fait partie de notre ADN", poursuit-elle. Sa société s’est naturellement orientée vers la commune d’Ungersheim, engagée depuis 2011 dans une "démarche globale" qui vise à atteindre "l’indépendance alimentaire", selon son maire Jean-Claude Mensch, et qui dispose d’une dizaine d’hectares de terres maraîchères exploitées sous la forme d’une régie agricole. "Nous sommes là pour montrer l’exemple et montrer que d’autres cultures, moins consommatrices en eau, peuvent être aussi rentables que le maïs", indique l’élu.
Du matériel qui reste à inventer
Pour cette première expérimentation au "Jardin du coquelicot", quelques kilos ont été récoltés à la main durant l’été par les trois maraîchers municipaux épaulés de stagiaires et de volontaires en service civique. Les pétales ont ensuite été effeuillés et mis à sécher dans des caissettes à l’abri du soleil. Une tâche "fastidieuse" d’après Kenji Sakai-Chabert. "Il y a probablement des machines à inventer", estime l’un des trois maraîchers du site qui avaient déjà dû "bricoler de l’outillage" au moment de semer les graines de fleurs. Celles-ci ont également subi de fortes variations climatiques durant l’été avec parfois des incidences sur la quantité de camomille récoltée. "Nous avons vu ce que cela signifie de vouloir relocaliser ce genre de filière, juge Kenji Sakai-Chabert. Même si cela nous ouvre de nouvelles perspectives, ce sera difficile d’y parvenir si on ne monte pas en technologie".
Une phase d’expérimentation jusqu’en 2025
Cette récolte est désormais en cours d’analyses auprès du service R & D des Jardins de Gaïa afin de voir si les plantes cultivées dans le Haut-Rhin entrent dans le cahier des charges de la marque qui compte 650 références à son catalogue.
"Nous nous donnons deux ans d’expérimentation pour faire en sorte qu’en 2025, on achète officiellement nos premiers lots à Ungersheim pour les utiliser dans nos productions. Nous avons la chance d’être une petite structure. En termes d’agilité, on bouge à notre guise", indique Cassandre Maury. Ce projet bénéficie de soutiens financiers de l’Agence de l’eau Rhin Meuse et de la Région Grand Est. Il est également lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt "Filières favorables à la protection de la ressource en eau" lancé en septembre 2022 par la Région.